L’INQUIETUDE

Parfois je peine à poser mon espriiiit.
Mes pensées embarquent mes émotions et l’inquiétude monte.

Pourtant je m’attache à me focaliser sur ma respiration, à porter mon attention sur l’air qui va et vient dans mes poumons, qui caresse mon intérieur... qui nourrit chaque cellule, chaque alvéole, qui nettoie mes tissus et mes fibres. Je m’attache à observer mes impressions, mes perceptions, mes sensations. Je me pose pour remettre en cohérence mon coeur et mon cerveau et ça marche !!!
Je pratique assidûment le yoga, des routines énergétiques et de l’exercice physique. J’entretiens un lien privilégié avec la nature, la beauté, la création...

Je sais aussi... qu’il y a dedans moi un point intact, une tranquillité immuable... quelles que soient les turpitudes de la vie. Je le sais.

C’est étrange comment l’inquiétude nous semble un état négatif - c’est culturel. Est inquiet celui qui n’est pas serein, celui qui est projeté sans cesse demain, celui qui ne parvient pas à ressentir la juste gratitude de ce qui est présent, ni à réinvestir une autre attitude face à ce qui est redondant - 70 000 pensées par jour et ce sont les mêmes qu’hier et qu’avant hier, à 95% des pensées pilotées par notre inconscient.

Est inquiet celui qui limite, qui cite les règles et qui redicte les consignes, celui qui gâche la fête et qui tient tête, celui qui voit le mur et le dur, le bord et le rebord, le sort et le ressort. L’inquiet n’est souvent pas très fréquentable - c’est le rabat-joie de service, celui qu’il faut faire taire.

Pourtant je suis toujours touchée par celui ou celle qui ose exprimer son inquiétude, sans doute parce que cet état m’est familier. J’y vois aussi une forme de vertu, ou un chemin possible. Probablement que l’inquiétude est une manière de se souvenir que jamais rien n’est acquis.

Les inquiets ne sont pas des patriarches, fiers de leurs manies, immobiles dans leurs pratiques, assurés de leur place et convaincus de leurs certitudes.
Les inquiets sont sur le qui-vive, confiants dans les forces de la vie et en même temps conscients de la fragilité, confiants et conscients que ce qui les relient aux autres et à l’existence peut se briser à chaque instant.

L’inquiétude nous impose de regarder là où l’on met les pieds, car chaque pas nouveau donne une nouvelle direction. L’inquiétude nous impose une écoute profonde de ce qui est vrai et présent pour soi.

Les inquiets ne pensent pas que "tout va rouler" ou que "tout est dû".

Alors évidemment l’inquiétude est souvent épuisante et j’aimerais bien sûr, comme tous, m’en débarrasser et revenir à la confiance et à la sérénité. Pourtant c’est aussi un cadeau, une façon pour certains de redescendre de leur piédestal, de leur tour d’ivoire, pour d’autres de sortir de la toute puissance, et pour d’autres encore, de revenir à la conscience de leurs actes.

"L’inquiétude, c’est l’insécurité pour le soi" dit Heideger. C’est de cette façon que l’on fait l’expérience du monde - suffisamment inquiet pour se protéger et prendre soin, et suffisamment désirant pour expérimenter, apprendre et grandir.

Quand je nomme et partage mon inquiétude - tout de moi exprimant son inquiétude, alors je contacte ma puissance et à partir de cette inquiétude nous pouvons ensemble choisir et rechoisir ce qui est juste.

Que se passerait-il si nous étions un peu plus inquiets pour nos relations, pour le couple, pour la terre, pour le monde, pour la planète... pour notre santé, pour la biodiversité... pour la consommation... pour les arbres, pour les forêts pour les rivières, pour les océans... pour la Vie ? Peut-être en prendrions-nous plus soin ?

LA BONNE DECISION EST LA DECISION QUI QUAND JE LA PRENDS ME MET EN PAIX AVEC MOI-MÊME !!!